Comment décarboner le fret terrestre

September 5, 2022

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Carbon neutrality
Grégoire Guirauden

Grégoire Guirauden

Grégoire has worked for more than 6 years in the digitalization of companies and the scaling of customer success teams. He is deeply passionate about climate change and green technologies.

Parmi les secteurs les plus polluants, celui des transports (passagers et marchandises confondus) occupe la première place en France, d'où l'importance de la décarboner. Il représente 30% des émissions de gaz à effet de serre et 32% des consommations en énergie de notre pays. Face à la contrainte de réduire de 94% ses émissions liées au transport d'ici 2050, la France se doit de repenser son économie pour la décarboner et notamment repenser le fret terrestre. Rappelons que le fret terrestre concerne le transport routier, le transport ferroviaire et fluvial.

1/ Pourquoi décarboner le fret terrestre ?

Dans l'industrie, la décarbonation est une nécessité qui s'impose à toutes les entreprises pour améliorer sa compétitivité et répondre aux enjeux environnementaux.

Le transport de marchandises, ou fret, représente à lui seul 9% des émissions de gaz à effet de serre de France. Il s'effectue à 89% via les routes, à 9% grâce au ferroviaire et à 2% par le fluvial. Aujourd'hui comme autrefois, toutes les activités commerciales reposent sur la disponibilité et la rentabilité des transports. Le fret constitue une pierre angulaire de la santé de notre économie, il est désormais nécessaire de le décarboner.

Toutefois, comme expliqué en introduction, le fret est grandement responsable des émissions de dioxyde de carbone (CO 2). Avec l'intensification des échanges et une préférence pour la route plutôt que le ferroviaire, les émissions du fret français ont augmenté de 16% entre 1990 et 2018. À cela s'ajoutent une raréfaction des ressources et une augmentation des prix de l'énergie qui compliquent la mise en place de la décarbonation de ce secteur d' activité.

Il semble alors essentiel de décarboner le fret afin que tous les acteurs qui en dépendent soient résilients face aux menaces écologiques et énergétiques. La première étape de cette décarbonation étant bien entendu de viser une certaine sobriété des transports (la demande doit diminuer de 25% d'ici 2050) et de réduire la dépendance du secteur aux énergies fossiles (90% du fret en France utilise les énergies fossiles).

Il semble alors essentiel de décarboner le fret afin que tous les acteurs qui en dépendent soient résilients face aux menaces écologiques et énergétiques.

2/ A quoi ressemblera le fret en 2050 ?

De très nombreux pays dans le monde sont engagés dans une démarche de décarbonation. En France, les Plans de transition sectorielle permettent de : construire des scénarios de décarbonation visant à atteindre les objectifs énergie-climat de la France à l'horizon 2050, quantifier les impacts sur les coûts de production, évaluer les besoins d'investissements climat et d'analyser les mutations en emplois,

Le Plan de Transformation de l'Economie Française (pour décarboner entre autres le fret) estime qu'il est possible de réduire d'environ 5% chaque année les émissions et d'obtenir une décarbonation complète d'ici 2050 grâce à la modernisation du fret. Celle-ci consiste d'abord à viser un report modal : passer du transport routier au ferroviaire ou au fluvial, tous deux plus efficaces énergétiquement.

  • Ferroviaire : passer de 9% en 2020 à 25% en 2050, soit un retour vers les 55% des années 1960
  • Fluvial : passer de 2% en 2020 à 9% en 2050, soit presque son niveau des années 1960
La décarbonation du fret terrestre passe aussi par le développement du transport fluvial.

Afin de décarboner le transport terrestre, il faut d'abord investir dans les plateformes multimodales afin de surmonter l'obstacle du transfert de transport, frein majeur à la fin du “tout-camion”.

Ensuite, pour décarboner cette économie, la mutualisation permettrait d'optimiser les chargements. Elle concerne particulièrement le fret urbain, peu efficace énergétiquement à cause des conditions de circulation.

Le dernier kilomètre est le plus coûteux selon une étude portée par Rungis:

  • 20 % du trafic en ville
  • 30 % d'occupation de la voirie
  • 25 % des émissions de gaz à effet de serre du transport

Électrifier les véhicules utilitaires légers est donc pertinent pour décarboner le transport routier. De plus, la cyclo-logistique apporte une nouvelle réponse. Le fret urbain peut se concrétiser via l'utilisation de vélos, de cargos remorques et de triporteurs.

La décarbonation du fret passe aussi par un changement des comportements et des infrastructures :

  • Réduire les vitesses
  • Favoriser la circulation de nuit
  • Favoriser une éco-conduite
  • Construire des péages sans arrêt
  • Sensibiliser les consommateurs quant aux conséquences du E-commerce
  • Créer des certificats encourageant les bonnes pratiques (certificat “chargeur”: certificat “transporteur/commissionnaire”)

Ces changements de comportements peuvent largement participer à décarboner le transport en évitant l' émission de plusieurs tonnes de dioxyde de carbone.

3/ Quelles sont les solutions technologiques existantes à développer pour décarboner le transport routier ?

Les solutions pour décarboner notre économie existent. Pour décarboner le fret terrestre, le premier aspect consiste en une production massive d'énergie décarbonée compatible avec le transport :

  • Passage à l'électrique et à la batterie pour tous les transports légers et intermédiaires
  • Augmentation de l'usage du bio-GNV (provenant des exploitations agricoles en majorité) dans les transports intermédiaires (note : le gaz naturel liquéfié -GNL- ou le gaz naturel comprimé -GNC- ne peuvent être qu'une énergie de transition)
  • Production d'hydrogène bas carbone (électrolyse, plasma ou fermentation) pour les transports les plus lourds

Note: pour décarboner le transport terrestre, entre électricité et hydrogène, la règle du poids permet d'arbitrer. À date, l'électricité est plus efficiente sur les transports légers, tandis que l'hydrogène devient pertinent sur les transports nécessitant plus de puissance. Le bio-GNV est une énergie pertinente pour les camions notamment, mais sa disponibilité et son prix de revient questionne son utilisation généralisée.  

La consommation de nouveaux carburants s'accompagne d'infrastructures nécessaires à leur usage pour permettre la décarbonation :

L'électrification du transport est indispensable à la décarbonation du fret terrestre.

3ème élément du cycle de vie, les solutions d'utilisation de ces énergies doivent être déployées si on veut attendre les objectifs de décarbonation :

  • Offres de batteries électriques de haute performance, associées à un système de recyclage performant
  • Amélioration et diffusion de piles à combustible compactes et performantes
  • Mise en place de motorisation hybride performante sur les différentes énergies

Enfin, un certain nombre de solutions pour décarboner doivent être mises en place pour optimiser les performances globales de la logistique :

  • Plateformes intermodales pratiques pour favoriser le report modal vers le train et le fluvial
  • Innovations en termes de véhicules : taille, adaptabilité, aérodynamisme, durée de vie des composants
  • Offres tout-en-un permettant une transition facile vers les énergies décarbonées
  • Logiciels d'optimisation des flux logistiques
  • Favoriser les comportements sobres et optimisés pour sensibiliser à la décarbonation via des modules de formation par métier


Grégoire Guirauden

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Grégoire has worked for more than 6 years in the digitalization of companies and the scaling of customer success teams. He is deeply passionate about climate change and green technologies.

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