Guide anti-greenwashing du crédit carbone

October 12, 2022

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Carbon neutrality
Grégoire Guirauden

Grégoire Guirauden

Grégoire has worked for more than 6 years in the digitalization of companies and the scaling of customer success teams. He is deeply passionate about climate change and green technologies.

Le crédit carbone et le protocole de Kyoto

Acheter des crédits carbone est une bonne action ! Le crédit carbone a été mis en place pour aider les pays engagés dans le protocole de Kyoto à tenir leurs promesses et est désormais connu du grand public. Vous allez contribuer, à financer des projets utiles pour la transition écologique et vous impliquer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Toutefois cela doit être fait dans de bonnes conditions pour éviter les écueils.

Qu'est-ce que les crédits carbone et quel est leur rôle?

Les scientifiques distinguent deux phénomènes nous permettant d'atteindre nos objectifs climatiques:

  • La réduction de nos émissions de gaz à effet de serre (GES)
  • La séquestration de carbone par ce qu'on appelle des “puits de carbone” (forêts, sols, océans, etc.).

Comment encourager ces deux phénomènes ?

  • Le mécanisme de crédit carbone est un outil de financement de projets pour permettre le développement de solutions de réduction ou d'évitement d'émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs les plus émissifs (comme Manufacture Bois Paille pour la construction par exemple).
  • Il est également le principal moyen financier du développement de « puits de carbone ». Ces puits peuvent être naturels (un projet agroforestier, un projet océanique) ou industriels comme le biochar ou encore le DAC (Direct Air Capture).

Ainsi la contribution carbone (anciennement compensation carbone) vise à contrebalancer une certaine quantité d'émissions de gaz à effet de serre. 2 actions possibles :

  • Soit en éliminant une partie du dioxyde de carbone déjà présent dans l'atmosphère
  • Soit en empêchant les futures émissions de CO2 d'atteindre l'atmosphère.

Un projet de contribution carbone (anciennement compensation carbone) s'accompagne (presque) toujours d'un crédit carbone.

Pourquoi les crédits carbone peuvent être liés au greenwashing ?

Le greenwashing ou écoblanchiment est une technique de marketing utilisée par une organisation dans le but de se donner une image écologique trompeuse.

Le rôle du crédit carbone est crucial dans cadres de pratiques éco-responsable mais il peut être utilisé de la mauvaise manière par les entreprises. Les signaux du greenwashing et des crédits carbone :

  • Acheter des crédits carbone au lieu de réduire votre empreinte
  • Communiquer sur vos crédits carbone n'importe comment
  • Acheter des crédits carbone peu fiables
  • Acheter des crédits carbone incohérents par rapport à votre activité
  • Acheter des crédits carbone et ne pas être en conformité avec la loi

Afin de lutter contre les mécanismes de greenwashing, il existe bien l'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP), un organisme privé d'autorégulation de la publicité en France. Son pouvoir est limité car elle ne peut pas prononcer des sanctions légales envers les entreprises qui pratiquent l'écoblanchiment. Par exemple, l'écoblanchiment consiste à communiquer sur un seul indicateur environnemental afin d'escamoter d'autres impacts.

Toutefois, l'entrée en vigueur en France le 1er janvier 2023 du décret de loi sur "les allégations de neutralité carbone et la compensation carbone", renforcera le cadre législatif à ce sujet (plus de détails dans cet article).

En pratique, quelles règles à respecter en matière de crédit carbone ?

Les 5 bonnes pratiques sur l'achat de crédits carbone et lutter véritablement contre le changement climatique.

  • Acheter des crédits carbone en complément de vos actions de réduction de vos émissions de gaz à effet de serre.
  • Communiquer honnêtement
  • Acheter des crédits carbone certifiés
  • Acheter des crédits carbone proche de votre secteur d'activité (le crédit carbone ne consiste pas uniquement à planter des arbres et créer des forêts).
  • Suivre la loi française sur la neutralité carbone

Guide anti-greenwashing du crédit carbone : les 5 erreurs à ne pas faire

Greenwashing 1 : Acheter des crédits carbone au lieu de réduire votre empreinte

Afin de respecter les engagements pris lors du protocole de Kyoto, la compensation carbone sans diminution de ses émissions de gaz à effet de serre n'est pas suffisante. Erreur classique, les crédits carbone doivent être utilisés pour contrebalancer vos émissions que vous n'avez pas pu réduire.

Les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre doivent toujours intervenir avant d'engager une stratégie de compensation carbone. Si vous n'avez pas fait votre bilan carbone, défini une stratégie net zéro, et accompli de vrais efforts de réduction cette année, il faut se mettre au travail et prendre les sujets 1 par 1 !

Greenwashing 2 : Communiquer sur vos crédits carbone n'importe comment

Afin de se convaincre de son action pour la lutte contre le réchauffement climatique, on peut voir : 100% compensés, neutre en carbone, zéro émissions de gaz à effet de serre… Si ces communications sont légalement possibles en suivant un certain cadre, elles sont fortement déconseillées en France. On parlera, en suivant les recommandations de la Net Zero Initiative de Carbone4 de “contribution à la neutralité carbone collective”.

C'est plus long mais c'est plus vrai !

Greenwashing 3 : Acheter des crédits carbone peu fiables

De nombreuses initiatives émergent afin d'atteindre les objectifs du protocole de Kyoto et lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Si la plupart sont de qualité, ne reproduisant pas certaines erreurs du passé, il faut toutefois vérifier le sérieux de la démarche.

Quelques éléments clés à vérifier :

  • Une mesure fiable de l'impact.
  • L'additionnalité du financement apporté (qu'ils servent vraiment à financer un projet qui en a besoin).
  • La permanence, c'est-à-dire la garantie que l'impact soit préservé dans le temps.
  • Une vérification tierce : il est prudent de s'assurer que le projet a été validé par une entité indépendante à même d'en juger la qualité.
  • L'absence d'effets rebonds néfastes.

Greenwashing 4 : Acheter des crédits carbone incohérents par rapport à votre activité

Si vous produisez des t-shirts en France et que vous empêchez de la déforestation à l'autre bout du globe, la cohérence des investissements est peu visible, même si vous participez à compenser vos émissions de gaz à effet de serre. Il s'agit alors de communiquer très prudemment, ou de financer également des projets plus pertinents par rapport à votre activité et à votre géographie.

Greenwashing 5 : Acheter des crédits carbone et ne pas être en conformité avec la loi

À partir de 1er janvier 2023, un décret de loi encadre en France les allégations sur la “compensation carbone et la neutralité carbone des produits et services”.

Plus d'infos sur le décret n° 2022-539 du 13 avril 2022 ici !

Guide anti-greenwashing du crédit carbone : les 5 comportements vertueux pour lutter contre le changement climatique

Crédits carbone utiles et vertueux 1 : Acheter des crédits carbone en complément de vos actions de réduction

Toujours dans l'objectif de relever le défi du protocole de Kyoto, Riverse vous demande votre bilan carbone, votre trajectoire de réduction, et vos réductions effectives. Dans ce cas de figure, vous faites bien le pas supplémentaire et c'est tout à votre honneur !

Crédits carbone utiles et vertueux 2 : Communiquer honnêtement

Parler de contribution à la neutralité carbone collective, c'est mettre en avant son bilan et ses actions de réduction, expliquer pourquoi et comment vous avez choisi les projets. Ainsi, comment vous inscrivez votre stratégie environnement en ligne avec le protocole de Kyoto et comment vous vous impliquez dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Tout cela permet une communication honnête, sincère, qui vous permettra d'engager employés, clients et investisseurs autour de l'authenticité de votre action environnementale.

Crédits carbone utiles et vertueux 3 : Acheter des crédits carbone certifiés

Les crédits carbone certifiés doivent répondre aux recommandations de la Taskforce On Scaling the Voluntary Carbon Markets, ou encore la Voluntary Carbon Market Integrity Initiative, en attendant la sortie de la norme ISO 14068 sur la neutralité carbone (dont Riverse est membre du groupe de travail par l'Afnor !).

Crédits carbone utiles et vertueux 4 : Acheter des crédits carbone proche de votre secteur d'activité

À l'instar de ce que recommande le décret de loi n° 2022-539 du 13 avril 2022, il est recommandé de financer des projets dans votre zone géographique d'émissions autant que faire se peut.

Si nous voulons atteindre les objectifs du protocole de Kyoto et agir significativement pour la lutte contre le réchauffement climatique nous ne pouvons que vous recommander d'aller encore plus loin. Vous pouvez alors financer des projets au regard de vos émissions difficiles à réduire de votre scope 3, car les solutions de décarbonation manquent. Ainsi, si le transport de marchandises est un gros poste d'émissions, financez des projets de décarbonation de la mobilité (énergie, infrastructures, retrofit…), et ainsi vous contribuerez indirectement à la baisse de votre scope 3 à moyen terme !

Crédits carbone utiles et vertueux 5 : Suivre la loi française sur la neutralité carbone

La France prend des mesures pour respecter le protocole de Kyoto et met donc en place des lois pour agir contre les émissions de gaz à effet de serre. Nous vous proposons cet article pour bien comprendre les enjeux de cette loi qui entrera en vigueur le 1er janvier 2023.

Par ailleurs, nous vous proposons également un dashboard de communication clé-en-main qui vous permet de respecter ce cadre, quand vous financez des projets certifiés par Riverse.

Rappel des définitions du greenwashing et recommandations de l'Ademe

Définitions du greenwashing par l'Ademe

Le guide anti-greenwashing de l'Ademe est à cet égard une référence très utile.

Les définitions proposées sont les suivantes :

  • L'utilisation de l'argument écologique alors que l'intérêt du produit ou du service pour l'environnement est minime, voire inexistant ;
  • L'utilisation de l'argument de développement durable alors que la démarche initiée par l'entreprise est soit quasi inexistante, soit très partielle, peu solide, peu déployée auprès des salariés.
  • Bref, un message pouvant induire le consommateur en erreur sur la qualité écologique réelle du produit ou sur la réalité de la démarche de développement durable.

Les 9 signaux du greenwashing par l'Ademe

  1. Un vrai mensonge : il n'y a juste rien d'écologique et aucune démarche de développement durable
  2. Une promesse disproportionnée : l'intérêt écologique existe mais est exagéré
  3. Des mots vagues : cela empêche de comprendre la réalité physique
  4. Des informations insuffisantes : cela empêche de valider la véracité des faits
  5. Une image trop suggestive : le visuel est excessivement valorisant par rapport aux vertus écologiques réelles
  6. Un faux label : le label “maison” ne fonctionne pas !
  7. Une mise en avant hors sujet : les vélos sur les pubs EasyJet
  8. Des preuves inexistantes : “selon une étude sérieuse”
  9. Une fausse exclusivité : cela est obligatoire par la loi en réalité (exemple : la fin des éléments jetables dans la restauration sur place à partir de 2023 - loi Agec).
Grégoire Guirauden

Grégoire Guirauden

Grégoire has worked for more than 6 years in the digitalization of companies and the scaling of customer success teams. He is deeply passionate about climate change and green technologies.

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