Pourquoi créé un nouveau standard de crédits carbone Riverse l'économie circulaire ?

March 17, 2022

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Our vision
Clément Georget

Clément Georget

Clément Georget has been working more than 6 years in industry 4.0. He is highly specialized in carbon measurement, life cycle analysis and data management to monitor industrial facilities.

Comment et pourquoi Riverse a développé sa méthode et ses Crédits Contribution Carbone

Dans cet article, vous trouverez les réponses aux questions suivantes :

  • Pourquoi nous avons décidé de fonder Riverse sur de nouvelles méthodologies ?
  • Qu’est-ce qui fait que notre certification est conforme au marché ?
  • Comment nous avons ancré notre vision dans notre mécanisme de certification de crédits carbone ?

Repartir d’une feuille (quasi) blanche

Voilà plus d’un an que l’on travaille sur le sujet de l’impact environnemental des entreprises et sur la question de leurs émissions résiduelles. En voyant des sociétés comme Volvo, Microsoft ou Amazon déclarer qu’elles seraient neutres en carbone à des horizons relativement proches, nous nous sommes intéressés de près aux trajectoires de réduction des entreprises et aux mécanismes de compensation carbone, et il nous a semblé important de creuser et mieux comprendre ces derniers.

Pour en faire un tour d’horizon complet, nous nous sommes mis à lire trois types de documents : les méthodologies des labels existants, les guidelines des ONG et entreprises de conseils, et les normes existantes 📚.

Je ne reprendrai pas la liste complète de notre bibliothèque fondatrice, mais si vous voulez creuser par vous même, vous pouvez la consulter ici.

Les méthodologies classiques des crédits carbone

  • Du Clean Development Mechanisms de l’ONU qui ont été mises en place après la signature du protocole de Kyoto (il y a 30 ans !)
  • De Verra ou Gold Standard, organismes établis depuis 20 ans qui certifient aujourd’hui près de 80% des crédits carbone du marché volontaire,
  • D’initiatives plus récentes, comme le Label Bas Carbone lancé par le Ministère de l’Environnement français, ou Puro.earth qui s’est lancé plus récemment dans la certification de projets de capture notamment par la production de biochar.

En lisant tout cela, en plus de comprendre pourquoi personne n’y comprenait rien, on a eu l’impression de retrouver toujours les mêmes éléments méthodologiques. C’est pourquoi on s’est rapidement mis en quête de simplicité, sans pour autant dégrader la robustesse du système.

“La simplicité c’est la complexification suprême”, disait Léonard de Vinci

Liste des standards de crédits carbone classiques : Verra, Gold Standard, Plan Vivo...

Nos principaux apprentissages à propos des standards de crédits carbone

  • Il s’agit d’un marché volontaire qui n’est pas régulé par un acteur ou par des lois. Le système repose sur la confiance mutuelle des acteurs entre eux.
  • Il y a 7 principes fondamentaux à la contribution carbone qu’on retrouve systématiquement : additionnalité, mesurabilité, unicité, permanence, vérificateurs tiers, effectivité, et co-bénéfices. L’enjeu est de penser et bâtir le système dès le départ sur ces piliers si l’on veut pouvoir les soutenir à long terme.
  • Malgré les centaines de méthodologies écrites pendant des années, peu de solutions peuvent bénéficier des crédits carbone, hors les secteurs forestiers, agricoles et les énergies renouvelables
  • Il faut un consensus d’experts scientifiques pour établir une méthodologie sur un sujet. Le problème c’est que les experts sur les BECCS, le biochar, les matériaux bio- ou éco-sourcés… ne courent pas vraiment les rues, et cela prend toujours du temps pour rédiger, relire, commenter, débattre, arriver à un consensus et publier un document scientifique et méthodologique.
  • On se répète beaucoup d’un document à l’autre, et certains se réfèrent même l’un à l’autre, mais ce qui compte finalement c’est une évaluation solide et une prise en compte des risques de réémissions des gaz à effet de serre.
  • Des standards internationaux existent et sont partagés par tous, qui permettent des mesures fiables de l’impact d’un produit, d’un service ou d’un projet : GHG Protocol, les normes ISO 14065 et 14040, SBTi.
  • Les co-bénéfices sont souvent difficiles à mesurer mais le prisme carbone n’est qu’un point de vue et il est crucial d’intégrer autant que possible toutes les limites planétaires.

S’aligner avec les standards

Pour prendre du recul, on a échangé avec des experts du stockage de carbone, de son utilisation, des analyses de cycles de vie des produits et des process.

Notre travail préliminaire pour construire un standard de crédits carbone efficace

En parallèle on a mis la main à la pâte pour rentrer dans les détails. On a travaillé sur l’évaluation de projets bas-carbone, et on est allés à leur rencontre pour comprendre leurs besoins et leurs difficultés. En testant plusieurs outils, on s’est rendu compte que celui qui répondait le mieux à l’ensemble de nos contraintes (l’impact d’une botte de paille, la pyrolyse de pneu ou le reconditionnement de matériel informatique ont-ils réellement des points communs?) c’est l’Analyse de Cycle de Vie. Définir une unité fonctionnelle, les limites du système et découper tous les éléments de la même façon (extraction, production, transport, utilisation et fin de vie), nous permet de mesurer un impact fiable, reproductible et multicritères.

Et ça tombe bien ! En creusant les méthodes d’ACV avec des experts du domaine, on a réalisé qu’il s’agissait d’une discipline encadrée par une norme internationale, qui a donc fait l’objet de revues d’experts dans le monde entier.

Attention cependant, ce n’est pas parce qu’on a le même marteau que tout le monde s’en sert de la même façon, et c’est pour cela nous avons ajouté des critères de fiabilité sur l’origine des ACV.

Comment le standard Riverse respecte tous les critères-clés des crédits carbone

Convaincus qu’on tenait là la clé qui nous permettrait de généraliser l’approche, nous avons établi des principes clairs qui répondent aux attentes du marché :

  • Mesurabilité : Basé sur le principe de l’analyse du cycle de vie (conforme à la norme ISO 14040) qui prend en compte l’ensemble des impacts environnementaux et sociétaux d’un projet
  • Additionnalité : Les crédits carbone Riverse (les CCC de leur petit nom, pour Carbon Contribution Credits) financent l’émergence de solutions et la substitution de produits carbonés, qui n’auraient pas pu voir le jour sans ces financements.
  • Co-bénéfices : Prouver a minima 2 co-bénéfices (d’après les Objectifs de Développement Durable de l’ONU) et ne nuire à aucun de ceux-ci. Si possible les quantifier grâce à l’ACV complète.
  • Vérification par un tiers indépendant : nous faisons toujours certifier nos CCC par un Organisme Tiers Indépendant (OTI) pour éviter les conflits d’intérêt
  • Intégration du risque de non-permanence, que l’on peut décliner en trois volets :

1. le risque lié à la fiabilité de la mesure : nous prenons 5 à 10% de rabais sur l’évaluation de l’évitement d’émissions pour palier à cela

2. le risque que le projet s’arrête avant la fin prévue : nous prenons 15% de rabais pour palier à cela. Les 15% nous permettent d’alimenter une réserve de crédits

3. le risque de réémissions pour les projets de capture : celui-ci est pris en compte lors de la mesure, et la capacité à séquestrer longtemps du carbone doit surtout être reflété par le prix de crédit

  • Unicité : garantir que les CCC sont enregistrés dans un unique registre ouvert à tous.
  • Effectivité : tout crédit doit faire l’objet d’une vérification sur la durée de vie du projet mise en oeuvre par Riverse
La TSVCM (Taskforce on Scaling Voluntary Carbon Market) travaille à définir les règles des crédits carbone de qualité.

Définitivement en ligne avec les piliers B et C de la Net Zero Initiative et compatible avec les recommandations de SBTi Net Zero, nous tenions surtout à respecter les normes.

En répondant ainsi à ces critères, nous nous sommes assurés que nos crédits carbone seraient alignés avec les exigences de l’ICROA (organisme qui rassemble les plus gros acteurs du marché) et permettraient aux entreprises qui les financent de respecter la future norme ISO14068 sur la Neutralité Carbone.

Ancrer notre vision

Avec ces critères fondamentaux commun aux crédits carbone, nous tenions un cahier des charges qui garantit la fiabilité de nos crédits carbone. Et parce que chez Riverse nous sommes convaincus qu’il faut accélérer la réduction des émissions tout en augmentant nos capacités de capture, nous avons ajouté des critères spécifiques à notre méthodologie qui ancrent notre vision de cet outil et visent à maximiser notre impact :

  • Etre capable de certifier rapidement toute solution bas carbone, viable et dont l’ impact positif est vérifiable, pour leur permettre d’accélérer leur déploiement, et répondre ainsi à l’urgence des enjeux
  • Distinguer la capture, des réductions d’émissions : d’ici 2050 il faut diviser par 5 nos émissions et augmenter de 100% nos capacités de capture pour atteindre les objectifs. L’enjeu à court terme est vraiment de réduire les émissions (saviez-vous que les GES émis aujourd’hui seront encore respirés dans 5 générations ?). Séparer les deux nous permet d’engager les entreprises sur la réduction de leurs émissions en rencontrant les acteurs de demain.
  • 5 ans : on s’inscrit dans le temps long mais on ne mise pas non plus sur l’inconnu. Vous imaginez ce que vous ferez dans 15 ou 30 ans ? C’est peut-être plus facile à assurer pour les forêts (protégées par l’ONF en plus) mais difficile pour la tech. Alors on réévalue les baseline tous les cinq ans, et on finance sur des cycles courts.
  • Surpasser les objectifs de réduction internationaux : les Accords de Paris ou la SNBC fixent des objectifs ambitieux, notre job c’est de s’assurer que les CCC financent les solutions qui surpassent ces objectifs pour qu’au global — on l’espère — on colle au plus près à ces objectifs.
  • Scalabilité : on adore l’artisanat mais ce qu’on cherche avant tout c’est maximiser l’impact, alors on cible des technos et des produits qui permettent de passer à la seconde.

Voilà je vous ai détaillé le contenu de notre méthodologie et comment on en est arrivés là. J’espère avoir été clair. Sachez qu’on n’a pas fait cela enfermés dans notre garage, on a confronté notre méthodologie avec des experts du domaine de la finance carbone et des autres spécialités sur lesquelles elle s’appuie. Si vous souhaitez vous aussi contribuer à l’élaboration des méthodologies Riverse n’hésitez pas à nous contacter!

Pour aller plus loin :

Revenons à quelques définitions de termes employés dans l’article :

  • Une “méthodologie” dans le domaine de la certification de cc, c’est un cahier des charges qui doit respecter le projet ET un cadre de calcul pour évaluer les émissions évitées ou séquestrées
  • Un label : étiquette ou marque spéciale créée par un syndicat professionnel et apposée sur un produit destiné à la vente, pour en certifier l’origine, en garantir la qualité et la conformité avec les normes de fabrication.
  • Un crédit carbone : une tonne équivalente de CO2 de gaz à effet serre évité, c’est-à-dire réduite ou capturée (voir la note de l’ADEME sur le sujet)
  • L’analyse du cycle de vie est une méthode utilisée pour évaluer l’impact environnemental de produits, de services ou d’organisations. Il existe d’autres méthodes d’évaluation de l’impact environnemental, telles que l’empreinte carbone ou les études d’impact. Mais l’ACV présente des spécificités qui rendent son approche holistique unique. En effet, utilisée depuis la fin des années 1990 et normalisée dans les séries ISO 14040:20068 et ISO 14044:20069 , cette méthode propose d’établir le bagage écologique d’un produit ou service selon plusieurs concepts clés : multicritère, cycle de vie, quantitative, fonctionnelle, attributionnelle ou conséquentielle.

Clément Georget

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Clément Georget has been working more than 6 years in industry 4.0. He is highly specialized in carbon measurement, life cycle analysis and data management to monitor industrial facilities.

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